Jean-Philippe Charbonnier

Jean-Philippe Charbonnier, grand reporter et auteur d’une œuvre personnelle d’envergure, est sans doute le plus méconnu de la génération des photographes humanistes français.

Né à Paris en 1921, Jean-Philippe Charbonnier est issu d’une famille d’intellectuels et d’artistes – son père, Pierre Charbonnier, était peintre et sa mère, Annette Vaillant, écrivain, son grand-père  maternel, Alfred Natanson, l’un des quatre  frères fondateurs de la Revue Blanche, écrivait des pièces de théâtre. À dix-sept ans, le jeune homme reçoit de son père un  appareil à soufflet 9 × 12 cm et entre en 1939 chez le portraitiste et photographe de plateau Sam Levin. Au studio des Buttes Chaumont, il découvre l’envers du décor et  les vedettes-monuments de l’époque : Gaby Morlay, Françoise Rosay, et la très jeune  Micheline Presle. La guerre interrompt cette carrière débutante et il se retrouve à Lyon dans les laboratoires de Blanc et Demilly dont il dit avoir apprécié l’extrême professionnalisme. Fin 1944, il devient metteur en page à Libération et à France Dimanche. En 1945, il rejoint Albert Plécy à Point de Vue, assurant textes et photographies, pour ce magazine fondateur du photojournalisme français.

De 1950 à 1974, Jean-Philippe Charbonnier est photographe au mensuel Réalités, auquel collabore aussi Édouard Boubat. Il effectue des reportages sur la vie quotidienne des années 1950 en France : Le médecin de campagne, Creuse 1950, L’étude du notaire, Amboise 1951, Le pharmacien d’Aubusson 1953, La famille du mineur, Lens 1954,… Parallèlement, il voyage dans le monde entier: Afrique, Turquie, Canada, Japon, Moyen-Orient, Thaïlande, Ex-URSS, Chine, Mongolie Extérieure, États-Unis. De ces voyages sortiront trois numéros spéciaux de Réalités : La Chine, La France, Le monde. Il réalise par la suite des reportages institutionnels pour l’Organisation Mondiale de la Santé, la Bourse de Paris, Renault, Carrefour, Royal Air Maroc, entre autres. En 1976, il inaugure avec Denis Brihat et Jean Pierre Sudre le premier Festival d’Arles  qu’animent Lucien Clergue et Michel Tournier.

La rencontre avec Agathe Gaillard marque un tournant dans sa vie : il dit s’être dès lors davantage investi dans une photographie personnelle, libéré de l’angoisse inhérente au travail des commandes, et collabore activement à la  réalisation du projet d’Agathe Gaillard : créer une galerie de photographie (aujourd’hui La Galerie Rouge), qui ouvrira en juin 1975. Il obtient le Grand Prix de la Ville de Paris pour la photographie en 1996 et décède à Grasse le 28 mai 2004, âgé de 82 ans. 

EXPOSITIONS :

2023 – Jean-Philippe Charbonnier. On the edge, La Galerie Rouge, Paris

2020 – Raconter l’ailleurs et l’autre, Pavillon populaire, Montpellier. 

2015 – Jean-Philippe Charbonnier, Maison de la Photographie, Toulon

2014 – Jean-Philippe Charbonnier, L’Œil de Paris, Crédit municipal de Paris, Paris

2008 Réalités, Un mensuel illustré des Trente Glorieuses, Maison Européenne de la  Photographie, Paris 

2006 – Les photographes du magazine Réalités. Edouard Boubat, Jean-Philippe Charbonnier, Jean-Louis Swiners, Galerie Agathe Gaillard, Paris

1990 – Musée Nicéphore-Niépce, Chalon-sur-Saône 

1984 – Musée de l’Élysée, Lausanne / Centre photographique de Stockholm (Suède)

1983 – Rétrospective 1944-1982, 300 photos, Musée d’art moderne de la Ville de Paris

1972 – Maison de la Culture, Le Havre / Photographers Gallery, Londres

1970 – Rencontres internationales de la photographie, Arles

 

COLLECTIONS :

Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris; CNAP (Centre national des arts plastiques), Paris; Musée d’art, Toulon 

 

BIBLIOGRAPHIE :

Jean-Philippe Charbonnier – Raconter l’autre et l’ailleurs (1944 – 1983), Éditions Hazan,  Paris, 2020 

Jean-Philippe Charbonnier : Pour la liberté de la presse, Reporters sans frontières, 2005

Les Enfants de Germinal, en collaboration avec Robert Doisneau et Willy Ronis, pour le livre  de François Cavanna, éditions Hoëbeke, 1993 

Jean-Philippe Charbonnier, Chamonix, 40 ans dans la vallée, Éditions Glenat, 1992 

Jean-Philippe Charbonnier, 300 photographies 1944 – 1982, Musée d’art moderne de la Ville  de Paris, 1983 

Jean-Philippe Charbonnier, introduction de Michel Tournier, Maison de la Culture du Havre, 1972 

Un photographe vous parle, Éditions Grasset, 1961 

Chemins de la vie, 70 photographies, Réflexions de Philippe Soupault, éditions du Cap, 1957 

Bons pour l’asile : toute la vérité sur la façon dont on traite, en France, les maladies mentales, photos de l’article d’Hervé Bazin sur les hôpitaux psychiatriques en  France, Réalités, janvier 1955

 

 

Exposition(s)